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Les autres plaisirs ne sont que vanités
18 mars 2015

Une journée classique dans la peau d'un prof

5h50. Mon réveil sonne. Je me faufile rapidement et le plus discrètement possible hors de la chambre afin de ne pas réveiller mon mari. Je me débarbouille, je m’habille, je vérifie que tous les cours dont j’ai besoin se trouvent bien dans mon sac, je me prépare une tasse de café, je la transvase dans mon thermos.

6h20. Il est l’heure de partir pour l’école. Entre l’avenue d’Auderghem et le quai que je dois rejoindre, je croise peu de gens. Le monde dort encore. J’entends les oiseaux chanter : leurs gazouillis ne sont pas couverts par les moteurs des voitures.

6h47. Mon train démarre. Je me maquille rapidement –je n’ai pas eu le temps de le faire à la maison. Ensuite, j’ouvre  le cours que je dois donner en première heure pour le relire. Je sirote mon café.

7h30. Arrivée à l’école. Je salue une collègue qui est déjà sur place et je file au local des photocopieuses. Je cherche le document dont j’ai besoin, je le relis, je l’imprime, je le relis, je constate une coquille, je corrige, je réimprime, je relis, je paramètre la photocopieuse, et je lance l’impression pour une centaine d'élèves. Oups, j’ai oublié de les perforer, ils vont encore râler… Je reviens à la salle des profs, je déborde de sacs et de feuilles. J'embrasse mes collègues, il sonne, je me dirige vers ma classe.

8h20. Je donne mes cours, je questionne les élèves qui sont endormis et peu réactifs, je lance une ou deux blagues qui vont faire rire un ou deux élèves. A la fin du cours, je ne dois rien oublier : faire le journal de classe, annoncer une préparation et/ou une interrogation, ramasser les autorisations de sortie pour un voyage scolaire, ramasser les bulletins… Un élève me pose une question sur la matière (parce qu’il aurait été bête de poser la question pendant le cours). Je réponds, je cours à la salle des profs pour papoter avec mes collègues.

10h18. J’arrive à la salle des profs. Il sonne dans deux minutes. Zut, il est déjà temps de repartir.

10h20. Je donne cours à des élèves un peu plus réveillés. Je dois les rappeler à l'ordre quelques fois.

12h50. Il sonne, c’est le temps de midi. J’ai constaté durant ma dernière heure de cours qu’il y avait des tensions entre deux élèves de ma classe. Je les garde avec moi, j’essaye de comprendre, de calmer le jeu. On discute, elles se mettent d’accord.

13h20. J’arrive à la salle des profs. Je mords dans mon sandwich, il va sonner dans dix minutes. On se raconte les différents potins et les perles qu’on a pu entendre («Moi je soulève 75kilos ! 35 kilos chaque bras !», «Clijsters, elle n'est pas belge, elle parle flamand»), on rigole (ou on pleure). Soudain, j’entends une collègue dire qu’enfoncer les élèves, c’est ce qu’il y a de meilleur. Je suis maussade, je me tais, je mange. La sonnerie retentit.

13h30. Je vais chercher mes élèves dans la cour de récréation. Ils sont maintenant un peu trop réveillés. Ils crient, sont excités. Entre la cour et leur local, ils m’évoquent les dernières vidéos Youtube qu’ils ont pu voir, me font remarquer qu’ils trouvent que le livre que je leur ai donné est trop long et trop compliqué. C’est reparti ensuite pour trois heures de cours.

16h. Fin des cours. Je vais à la salle des profs pour remplir ma bouteille d’eau, ranger les divers papiers dans mon casier. Je prends mon temps : mon train n’arrive qu’à 16h41. Je téléphone à une mère d’élève qui désire me rencontrer. Je prends un peu trop de temps, je me retrouve en retard. Je cours avec mon sac de dix kilos vers la gare. J’arrive à l’heure, épuisée.  

16h41. Le train aura 20minutes de retard. Je reprends mon souffle.

16h50. Je tombe sur une élève de l’école que je connais un petit peu, en pleurs parce qu’elle a oublié son abonnement de bus, qu’elle n’a pas osé entrer dedans, qu’il n’y a plus de bus avant 18h, qu’elle n’a pas d’argent pour se payer le train et qu’elle n’a plus de batterie pour prévenir sa maman. Je n’ai pas de batterie non plus pour l’aider, donc je lui paye un billet de train.

17h. Le train arrive. Pendant le trajet, je lis le bouquin que je songe à donner à mes élèves.

18h. Je suis chez moi. J’enlève mes chaussures, je lis mes mails, je me pose un peu.

18h30. J’envoie des mails « sérieux » liés à mon mariage et à mon déménagement à Oxford. Ensuite, je commence mes corrections.

20h. Je fais à manger pour mon mari, qui vient de rentrer de son travail. Je peux enfin l’embrasser. Pendant que je cuisine, je regarde des vidéos sur Youtube (dont mes élèves m’ont parlé). On mange, on papote, je fais la vaisselle.

21h30. Je prépare mes cours pour le lendemain. Je lis, je relis, je cherche des documents, je rédige des interros. Je fais quelques pauses où je vais embêter mon mari qui travaille encore.

22h30. Je prends ma douche. Pendant que je sèche, je lis une nouvelle ou un bouquin pour l’école.

23h30. Mon mari a enfin fini de travailler. Il me rejoint, on parle encore, on se raconte nos journées et nos avancées par rapport au mariage et au déménagement.

Minuit. J’éteins la lumière et au lieu de m’endormir instantanément, je pense à ma journée de demain. Ai-je de quoi occuper mes élèves pour toute la journée ? Mais si mon activité en psychologie ne prenait pas toute l’heure ?  Il me reste 5h50 de sommeil, il faut que je dorme. Ah, non, 5h40, maintenant. 

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